MONSIEUR LAZHAR de Philippe Falardeau (2011)
Québec (Canada) - Durée: environ 1h35
Distribution: Mohammed ''Fellag'', Sophie Nélisse, Emilien Néron, Danielle Proulx, Brigitte Poupart, Louis Champagne, Jules Philip, Francine Ruel, Seddik Benslimane...
Je m'en reviens vous conter ici un de mes récents coups de coeur ''Cinéma'' de la semaine, un film actuellement projeté sur nos écrans et qui s'appelle Monsieur Lazhar.
J'ai donc éprouvé une envie express de rédiger un court article sur ce film que j'ai trouvé très touchant. Sans doute parce son auteur nous offre une jolie réalisation, un discours intelligent sans être moralisateur et certaines qualités (et défauts!) propres au cinoche Made in Québec.
Les sujets qui y sont abordés sont difficiles et d'actualité mais traités avec assez de délicatesse et de recul pour ne pas nous emmèner au pays du pathos. Le regard sensible de Philippe Falardeau nous emmène davantage dans une bulle de savon planant au dessus des fôrets enneigées et du grand froid québécois.
Résumé:
Pour Simon, jeune collégien dans une école de la banlieue québécoise, c'est le ''jour des berlingots''. En ce jour tristement banal, c'est donc à son tour de récupérer et déposer une caissette de ces succulentes crèmes de lait concentré dans sa classe avant la fin de la récréation. Une tâche habituelle qu'il doit effectuer après avoir bravé le coup de sifflet d'un surveillant aux aguets. Mais une fois arrivé devant la salle de cours, un spectacle macabre stoppe net Simon dans ses mouvements volontaires pour le faire rapidement rebrousser chemin...à reculons. Le temps va alors se figer pour lui devant cette porte, son tableau noir et des couloirs pour l'heure vides. Les prochaines heures, les prochains jours et les prochaines semaines qui s'écoulent vont être dramatiquement teintés par cet évènement peu banal. Après ce traumatisme, le quotidien des élèves de cette classe et de l'équipe enseignante va se retrouver bloqué entre tragédie et reprise d'une vie quelque peu normale.
C'est donc à cet instant précis que le Mr Lazhar du titre fait son entrée. Il propose très (ou trop, c'est selon !) spontanément à cet établissement son aide et sa longue expérience d'enseignant à Alger. C'est rapidement qu' il va devoir faire accepter ses approches et ses méthodes plutôt classiques à ces élèves écoliers qui n'ont pas assez de mots ni de passerelles pour exprimer ce à quoi ils doivent faire face. Avec beaucoup de respect, de compréhension et de patience, Mr Lazhar va leur impulser l'envie, parfois de façon maladroite, de s'ouvrir davantage et de dire les choses sans éprouver de culpabilité.
Résident permanent au Canada, nous découvrons au fil de l'histoire que sa réalité est bien plus complexe que ce qu'il est possible de dire pour lui. Bachir Lazhar sait ce qu'est la culpabilité et la solitude... Arrivé à la suite d'un terrible accident survenu dans son pays, il tente de panser ses propres blessures en pansant celles des autres pendant que sa situation est passée au crible par des commissions gouvernementales qui tentent de comprendre le drame qu'il a pu vivre.
Alors enseigner, voilà quelque chose qui fait beaucoup de bien à Monsieur Lazhar. Faire des dictées tirées de textes chiadés de Balzac à de jeunes adolescents de 12 ans, ça pourrait être vu comme inapproprié mais ça lui fait du bien. Les pousser à s'exprimer librement, chose que lui même a tant de mal à faire, c'est difficile mais ça lui fait du bien. Lui qui vit seul dans le silence de cette ville étrangère, loin d'Alger et des siens. Lui qui cherche les mots pour exprimer ses maux.
Le charismatique Mohamed Fellag dont je ne connaissais pas du tout les sketchs d'humoriste est très charismatique et d'une grande délicatesse dans ce rôle de personnage plutôt classique mais assez surprenant. Accompagné par des acteurs, justes, ultra naturels et touchants. Si l'accent à couper au couteau des québécois ainsi que des expressions plus provinciales (voir ci-dessous) que ''Vincent, tu me chies dans les bottes!'' -phrase toutefois très drôle une fois remise dans son contexte- vous rebutent, passez votre chemin ou alors consultez ce guide sur l'accent québécois en 5 étapes (rires garantis).
http://www.authentikcanada.com/fr/blog/2010/04/22/laccent-quebecoisen5-etapes-faciles/
''Qu'est-ce que j'fais si y'en a un qui pète sa coche?''
Traduisez ''Je fais quoi moi si un des élèves craque?''
''J'sôvai qu'elle allait y d'mander ço, je l'sôvai''
Traduisez ''Je savais qu'elle allait lui demander ça, je le savais''
En revanche, si vous voulez découvrir un nouvel auteur canadien à travers une oeuvre poétique et réaliste car vous avez un peu trop abusé des films de Jean-Marc Vallée et de Denys Arcand, foncez voir cette petite perle outre- Atlantique.