VALSE AVEC MON CINEMA

QUAND LA VILLE MORD de Dominique Cabrera (2009)

 

France - Durée: 60 '

Téléfilm réalisé d'après le polar éponyme de l'écrivain Marc Villard (Editions La Branche) 

Distribution: Aissa Maiga,  Laurentine Milebo, Samir Guesni, Assane Seck, Djeneba Kone, Kadi Diarra, Alain Dzukam-Simo...

                    

                                        -Aissa Maiga dans le rôle de Sara, une peintre en danger-

 

 

J'ai eu l'occasion de voir Quand la ville mord à deux reprises il y a quelques années de ça: la première fois, c'était lors d'une thématique ''Suite noire'' sur la chaîne Arte et la seconde fois, c'était durant le Festival de Films de Femmes de Créteil où la sublime et discrète actrice Aissa Maiga était venue le présenter avec la très engagée réalisatrice Dominique Cabrera...

 

 

Ce téléfilm m'a bouleversée les deux fois, d'une façon puis d'une autre. Sans doute parce qu'il fait partie de ces oeuvres qui ont une âme, une vraie. Au même titre que le film d'Eliane de Latour ''Après l'Océan''...c'est un de ces films qui franchissent les frontières avec ce questionnement sur cet ''autre'' vu par l' ''autre'', c'est à dire nous, eux, ils, vous, moi et... les autres.

 

 

J'aimerai présenter assez brièvement cette adaptation de polar même si cela fait un petit moment que je ne l'ai pas vu et malgré le fait que je n'ai pas lu le livre. Je compte donc sur ma mémoire et sur un de mes alliers, le Web, pour rendre au mieux ce que Cabrera a livré avec beaucoup d'énergie, de caractère et peut-être de fidélité. Le propos est dur mais d'autant plus fort et intéressant.

 


 


 Histoire et Impressions:

 

 

                                                             

 

 

Fraîchement débarquée du Congo Brazzaville avec sa cousine Zina, Sara (Aissa Maiga) espérait un meilleur départ dans la vie en arrivant à l'aéroport parisien de Roissy. Très vite, elle est violemment poussée dans l'univers infernal de la prostitution et de la drogue pour le compte d'Omar et de Brigitte la matrone, deux personnages influents du milieu de la nuit. C'est après une découverte macabre le jour de Noel et le meurtre qui va s'ensuivre qu'elle va tenter de se battre pour sa vie, avec la vengeance et le sauvetage de son âme pour leitmotivs, pendant que les rencontres vont l'amener à se servir de ses talents de peintre pour survivre. Un travail d'artiste à la Jean-Michel Basquiat qui va teinter le téléfilm de ses couleurs fortes, dures et tracées aux doigts, à la hâte, avec détermination, colère, rage,  sur une carte, un mur, une porte, une toile.

 

 

Le rouge et le noir (comme sur la première photo ci dessus) sont les couleurs qui dominent le film de Dominique Cabrera. Ce sont bien sûr les teintes qui sont souvent associées au polar et puis on s'en retrouve imprégné parce que Sara les utilise beaucoup pour s'exprimer dans ses dessins. Dessins qui expriment une vie emplie de violence, de sanglots et de désespoir. Le noir des ténèbres et de la perte de soi, le rouge des multiples blessures physiques et bien encore psychologiques et morales qui la mèneront dans une semi folie. Dans cet état trop proche de la mort où le corps de la jeune femme se traîne comme un sceptre dans les caniveaux et sur les trottoirs de Chateau Rouge -quartier populaire du 18ème arrondissement de Paris- et des environs, Sara va faire la connaissance de Tramsson (Samir Guesni), un éducateur de rue qui va lui sauver la mise plus d'une fois tout en tombant peu à peu amoureux de cette jolie fleur traquée. Il aimerait tellement l'aider à s'en sortir. Il ne voit pas juste une prostituée, une femme au bord du gouffre qui semble si forte et si fragile dans une même fraction de seconde...il voit l'artiste dont les travaux doivent être vus afin que renaisse la vie, l'espoir. Sara devra accepter ce don qui est le sien sans perdre de vue son besoin de vengeance et de salut.

 

                                                                    

 

Pour moi, Quand la ville mord est le titre parfait d'un morceau de vie, celle d'une jeune femme africaine (c'est tellement rare à la télé et encore plus au cinéma!) où la lumière est rare, très rare, trop rare malgré l'entraide entre filles qui nous prouve alors que le soleil n'a pas totalement été englouti par les fantômes qui errent froidement dans les rues sombres et malades de la capitale parisienne. Cette ville ''froide'' qui fait mal, qui emprisonne ceux qui se sont pris dans ses filets similaires à la toile gigantesque d'une araignée au poison mortel, qui offre son ventre et ses entrailles à un public bigarré et nocturne. Mais une ville qui place aussi et heureusement sur chaque chemin des alliers, des épaules amicales sur lesquelles s'épancher, des yeux écarquillés pouvant voir ce que Sara ne voit pas ou ne peut pas encore voir, de là où elle se trouve, petite poche de protection où les hommes ne sont pas des êtres forcément tendres ni forcément violents. Disons plus qu'ils sont les deux à la fois.

 

La caméra de la réalisatrice Dominique Cabrera filme cette femme avec beaucoup de discernement et de tendresse, malgré les affronts qu'elle met sur sa route. Malgré aussi la dureté de cette situation et la froideur extrême de certains plans (désaturation des couleurs) dans lesquels elle est prise au piège. Il n'y a que par ses dessins que la vie peut alors revenir. Par touche, par étendue, sur le coin d'une porte, là, comme ça, dans l'instantané... Sara n'est pas morte puisque l'art l'accompagne!

 

A suivre...

 


 

Si vous désirez en savoir plus sur la réalisatrice Dominique Cabrera, c'est par là:

 

http://dominiquecabrera.uniterre.com

 

Auteur entre autres de Nadia et les Hippopotames (avec Ariane Ascaride, Thierry Frémont, Marilyne Canto), Chronique d'une banlieue ordinaire ou encore L'Autre côté de la mer (avec Claude Brasseur et Roschdy Zem) etc....

 

 



04/05/2012
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