FRIDA KAHLO (1907-1954)
La métisse germano-mexicaine Frida Kahlo (1907-1954) issue d'une famille de bourgeois bohèmes n'était pas prédestinée à devenir une peintre dite ''surréaliste''. C'est à la fin de son adolescence que la jeune femme va trouver sa voie d'une façon pour le moins douloureuse et chaotique. En effet, déjà affaiblie par une poliomyélite, c'est à la suite d'un accident de bus au cours duquel une barre de fer transperce son corps de l'abdomen au vagin que Frida Kahlo, alors agée d'à peine 18 ans a trouvé le moyen de survivre grâce au dessin et à la peinture. Alitée durant de nombreux mois afin de récupérer l'usage de son corps meurtri, elle ne pouvait alors avoir pour seule activité que de griffonner et peindre son mal être et cette terrible douleur (exprimé plus tard par la peinture ci-dessous par exemple).
L'Arbre de l'Espoir (1946)
A travers l'expression picturale qui la soulage dès lors, Frida Kahlo a commencé par accepter puis montrer une réalité, la sienne, assez cruelle pour une jeune femme de son âge. Jusqu'au rétablissement tant espéré. Une fois sur pieds, l'authentique et audacieuse jeune femme est allée au devant d'un déjà célèbre peintre muraliste mexicain, et dont elle était amoureuse depuis l'âge de 15 ans. Ce dernier, qui deviendra un peu plus tard l'amour de sa vie, mais qui pour l'heure reste un de ses meilleurs alliés et guides qui la mènera vers son vrai moi, c'est Diego Rivera (1886-1957).
Les deux Frida (1939)
Très consciente et concernée par le monde qui l'entourait, Frida Kahlo s'engagea politiquement (communiste/trotskyste/féministe) et artistiquement. Elle cherchait plus que tout à obtenir la pleine reconnaissance des singularités culturelles mexicaines et amérindiennes ainsi que dénoncer la place de la femme dans ces sociétés. Elle choisit pour elle-même d'osciller entre libération sexuelle et tradition et semblait être de ceux et celles qui avaient le feu sacré: une force mentale et une rage de vivre peu communes. Peindre a sans doute été une sorte de soupape de sécurité pour l'artiste blessée, acte qui l'a préservait de la tragédie et d'une mort certaine (si ce n'était celle purement physique, il s'agit bien là de la mort de l'âme). Alors se peindre et peindre les gens tels qu'elle les voyait, voilà ce qui m'intéresse chez Frida Kahlo. C'est surtout sa propre vie - si remplie et tumultueuse fût-elle ainsi que son amour démesuré pour Diego Rivera qui inspira ses nombreuses toiles à la fois si colorées et si sombres. On monte les célèbres autoportraits de Frida au nombre de 70 (voir la toile ci-dessus).
Moise ou le Nucléus (1945)
La multitude d'éléments présents dans ce tableau ci-contre nous informe sur l'importance de la religion et de la connaissance pour Frida Kahlo mais aussi sur un de ses plus grands malheurs. Celui d'être restée dans l'incapacité de donner la vie, elle qui se promettait de porter l'enfant de Diego Rivera dès son plus jeune âge. Voilà pourquoi les utérus, les foetus, les bébés sont des éléments qui reviennent assez régulièrement dans ses toiles de femme devenue malheureusement stérile. Elle avouait également vouloir souvent tenir son mari dans ses bras comme un nouveau-né, ce qui donne le visage de Diego Rivera sur le bébé, Moise, posé au second plan dans un placenta. Reconnaissable grâce à son troisième oeil, signe de sagesse et de connaissance.
Je viens de découvrir un article rédigé il y a quelques années par quelqu'un qui n'appréciait pas le travail de Frida Kahlo et qui pensait que tout ce tapage autour d'elle n'était que du flan. Je trouve ça intéressant des avis qui divergent mais reste à vérifier certains de ses arguments. Pour le lire, allez voir:
http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2005/07 /06/2005_07_frida_kahlo/